Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/145

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Peu à peu, grâce au silence, les nerfs du capitaine Pamphile se calmèrent ; son sang, qui bouillonnait, enflammé par le délire, se refroidit, et ses esprits, plus tranquilles, rentrèrent des domaines fantastiques où ils s’étaient égarés dans la nature positive et réelle ; il jeta les yeux autour de lui, et se retrouva au milieu de sa forêt sombre, solitaire et silencieuse. Il se tâta pour voir si c’était bien lui-même, et finit par reconnaître sa situation telle qu’elle était ; attaché à son arbre, à cheval sur sa branche, il était, non pas aussi bien que dans son hamac de la Roxelane ou que sur la peau de buffle du grand chef, mais au moins en sûreté contre les attaques des loups, qui, au reste, avaient disparu. En reportant les yeux vers le bas du chêne, le capitaine crut bien encore distinguer une masse informe et mouvante qui paraissait rouler autour du tronc de l’arbre ; mais, comme bientôt les plaintes qu’il avait cru entendre cessèrent, et comme l’objet sur lequel il avait les yeux fixés devint immobile, le capitaine Pamphile crut que c’était un reste du songe infernal qu’il venait de faire, et, haletant, couvert de sueur, écrasé de fatigue, il finit par s’endormir d’un sommeil aussi tranquille et aussi profond que le permettait la situation précaire dans laquelle il se livrait au repos.

Le capitaine Pamphile fut éveillé au commencement du jour par le caquetage de mille oiseaux de différentes espèces qui voltigeaient joyeusement sous le dôme touffu de la forêt. Il ouvrit les yeux, et la première chose qu’il aperçut fut l’immense voûte de verdure qui s’étendait au-dessus de sa tête, et à travers les intervalles de laquelle