Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/151

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ardeur, et il parvint aux limites de cette forêt pareille à celle de Dante, qui semblait n’appartenir ni à la vie ni à la mort, mais à une puissance intermédiaire et sans nom. Alors il lui sembla entrer dans un océan de lumière ; il se précipita au milieu de ses vagues dorées par les rayons du soleil couchant, pareil à un plongeur qui, retenu longtemps au fond de la mer, accroché à quelque branche de corail, ou enlacé par quelque polype, se dégage de l’obstacle mortel, remonte à la surface de l’eau et respire.

Il était arrivé à un de ces vastes steppes jetés comme des lacs de verdure et de lumière au milieu des immenses forêts du nouveau monde ; de l’autre côté de cette clairière, une nouvelle ligne d’arbres s’étendait comme une muraille sombre et opaque, tandis qu’au-dessus d’elle on voyait capricieusement onduler dans les derniers flots du jour le sommet neigeux des montagnes dont la chaîne tortueuse sépare toute la presqu’île.

Le capitaine jeta avec satisfaction ses regards autour de lui ; car il voyait qu’il ne s’était pas écarté de sa route.

Enfin ses yeux s’arrêtèrent sur une colonne blanchâtre et tortueuse qui se détachait sur le fond et montait en flottant vers le ciel : il ne lui fallut pas une longue inspection pour reconnaître la fumée d’une hutte, et presque aussitôt, amie ou ennemie, il se détermina à marcher vers elle, le souvenir de la nuit qu’il venait de passer ayant influé d’une manière prompte et décisive sur sa détermination.