Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/197

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raison que nous avons été assez discret pour ne pas approfondir. Il résultait de cette négligence que, vers le 15 janvier, le spirituel illustrateur du Roi de Bohême et ses sept châteaux, allant chercher lui-même une bûche pour mettre dans son poêle, s’aperçut que, s’il continuait à faire du feu à la fois dans son atelier et dans sa chambre à coucher, il n’aurait plus de combustible que pour une quinzaine de jours à peine.

Or, depuis une semaine, on patinait sur le canal, la rivière charriait comme au temps de Julien l’Apostat, et M. Arago, mal d’accord avec le chanoine de Saint-Barthélemy, annonçait, du haut de l’Observatoire, que le froid, qui était arrivé à 15 degrés, continuerait de monter ainsi jusqu’à 23 ; c’était, à six degrés près, le froid qu’il fit pendant la retraite de Moscou. Et, comme le passé servait d’exemple à l’avenir, tout le monde commençait à croire que c’était M. Arago qui avait raison, et qu’une fois par hasard Matthieu Laensberg avait bien pu se tromper.

Tony sortit du bûcher, très-préoccupé de la certitude douloureuse qu’il venait d’acquérir : c’était à choisir, de geler le jour ou de geler la nuit. Cependant, après avoir profondément réfléchi, tout en bléreautant un tableau de l’Amiral de Coligny pendu à Montfaucon, il crut avoir trouvé un moyen d’arranger la chose : c’était de transporter son lit de sa chambre dans son atelier. Quant à Jacques II, une peau d’ours pliée en quatre ferait l’affaire. En effet, le même soir, le double déménagement fut accomplit ; et Tony s’endormit caressé par une douce cha-