Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/21

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— Tiens ! dit Joseph, dont la figure et la voix reprenaient une expression de sérénité tout à fait rassurante, tiens ! elle mange un chou !

En effet, la bête, qui avait rentré par instinct tout son corps dans sa cuirasse, était tombée par hasard sur un tas d’écailles d’huîtres, dont la mobilité avait amorti le coup, et, trouvant à sa portée un légume à sa convenance, elle avait sorti tout doucement la tête hors de sa carapace, et s’occupait de son déjeuner aussi tranquillement que si elle ne venait pas de tomber d’un troisième étage.

— Je vous le disais bien, monsieur ! répétait Joseph dans la joie de son âme, je vous le disais bien, qu’à ces animaux rien ne leur faisait. — Eh bien, pendant qu’elle mange, voyez-vous, une voiture passerait dessus…

— N’importe, descendez vite et allez me la chercher.

Joseph obéit. Pendant ce temps, je m’habillai, occupation que j’eus terminée avant que Joseph reparût ; je descendis donc à sa rencontre et le trouvai pérorant au milieu d’un cercle de curieux, auxquels il expliquait l’événement qui venait d’arriver.

Je lui pris Gazelle des mains, sautai dans un cabriolet, qui me descendit faubourg Saint-Denis, no 109 ; je montai cinq étages, et j’entrai dans l’atelier de mon ami, qui était en train de peindre.

Il y avait autour de lui un ours couché sur le dos, et jouant avec une bûche ; un singe assis sur une chaise et arrachant, les uns après les autres, les poils d’un pinceau ; et, dans un bocal, une grenouille accroupie sur la troisième traverse d’une petite échelle, à l’aide de