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le capitaine Pamphile d’une partie assez considérable d’alcool, engagé qu’il était, avec Outavari et Outavaro, à leur en livrer, à l’un quinze cents, et à l’autre deux mille cinq cents bouteilles en échange d’un nombre égal de défenses d’éléphant ; aussi accepta-t-il avec reconnaissance l’invitation que lui faisait M. le préfet.

Le dîner fut véritablement académique. Les convives, qui savaient à quel homme ils avaient affaire, étaient arrivés avec tous les trésors de l’érudition locale, et chacun possédait une telle masse de preuves irrécusables en faveur de son opinion, que, lorsque arriva le dessert, les uns ayant pris parti pour Guillaume le Cruel, et les autres pour Pierre de Fenin, on allait se jeter les assiettes du gouvernement à la tête, si le capitaine Pamphile n’avait concilié toutes les opinions, en invitant leurs représentants à envoyer chacun un mémoire à l’Institut, promettant de faire distraire deux mille francs du prix Montyon, et une croix d’honneur de la distribution des 27, 28 et 29 juillet, pour les accorder à celui dont l’opinion prévaudrait.

Cette offre fut accueillie avec enthousiasme, et le préfet, se levant, proposa un toast en l’honneur du corps respectable qui faisait à la ville d’Orléans cette grâce, de lui envoyer un de ses membres les plus distingués pour puiser aux sources locales un des rayons de cette lumière dont le soleil parisien éclaire le monde.

Le capitaine Pamphile se leva, les larmes aux yeux, et, d’une voix qui trahissait son émotion, répondit, au nom du corps dont il faisait partie, que, si Paris était le soleil de la science, Orléans, grâce aux renseignements