Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/230

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et qu’il venait offrir un marché bien autrement avantageux à l’un et à l’autre que celui que lui proposait avec tant de loyauté et de désintéressement son fidèle ami et allié Outavari : c’était de le seconder dans sa guerre contre les Cafres, à la condition que tous les prisonniers faits après la bataille lui appartiendraient en toute propriété, pour, par lui ou ses ayant cause, en faire ce que bon leur semblerait : le capitaine Pamphile, comme on le voit à son style, avait été clerc d’avoué avant que d’être corsaire.

La proposition était trop belle pour être refusée ; aussi fut-elle reçue avec acclamation, non-seulement par Outavari, mais encore par le conseil tout entier ; le plus vieux et le plus sage des vieillards tira même sa chique de sa bouche et sa coupe de ses lèvres, pour offrir l’une et l’autre au chef blanc ; mais le chef blanc dit majestueusement que c’était à lui de régaler le conseil, et il ordonna à Georges d’aller chercher dans ses bagages deux aunes de carotte de Virginie et quatre bouteilles d’eau-de-vie d’Orléans, qui furent reçues et dégustées avec une profonde reconnaissance.

Cette collation achevée, et comme il était une heure du matin, Outavari envoya chacun se coucher à son poste, et resta seul avec le capitaine Pamphile, afin d’arrêter avec lui le plan de la bataille du lendemain.

Le capitaine Pamphile, convaincu que le premier devoir d’un général est de prendre une parfaite connaissance des localités sur lesquelles il doit opérer, et n’ayant aucun espoir de se procurer une carte du pays, invita Outavari à le conduire sur le point le plus élevé des envi-