Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/229

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tout était en bon état ; puis, ayant ordonné à chaque homme de se munir de quatre douzaines de cartouches, il demanda un jeune Namaquois assez intelligent pour lui servir de guide et mesurer la marche de manière à ce qu’il arrivât au camp en pleine nuit.

Tout cela fut exécuté avec la plus grande intelligence, et, le surlendemain, sur les onze heures du soir, le capitaine Pamphile était introduit sous la tente d’Outavari, au moment où, ayant décidé de livrer le combat le lendemain, celui-ci tenait conseil avec les premiers et les plus sages de la nation.

Outavari reconnut le capitaine Pamphile avec cette certitude et cette rapidité de souvenirs qui distinguent les nations sauvages ; aussi, à peine l’eût-il aperçu, qu’il se leva, vint au-devant de lui, en mettant une main sur son cœur et l’autre sur sa bouche, pour lui exprimer que sa pensée et sa parole étaient d’accord dans ce qu’il allait dire ; or, ce qu’il allait dire et ce qu’il lui dit en mauvais hollandais était qu’ayant manqué à l’engagement pris avec le capitaine Pamphile, puisqu’il ne pouvait tenir le marché convenu, sa langue qui avait menti et son cœur qui avait trompé étaient à sa disposition, et qu’il n’avait qu’à couper l’une et arracher l’autre, pour les donner à manger à ses chiens, comme on doit faire de la langue et du cœur d’un homme qui ne tient pas sa parole.

Le capitaine, qui parlait le hollandais comme Guillaume d’Orange, répondit qu’il n’avait que faire du cœur et de la langue d’Outavari, que ses chiens étaient rassasiés, ayant trouvé la route semée des cadavres des Cafres,