Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et, au compte du capitaine Pamphile, chacun aurait encore une ligne et demie de jeu. Comme on le voit, c’était du luxe, et le capitaine aurait pu embarquer dix hommes de plus.

Or, le maître charpentier, d’après les ordres du capitaine, procéda de la manière suivante.

Il établit à tribord et à bâbord une planche de dix pouces de hauteur, qui formait un angle avec la carène du bâtiment et qui devait servir à appuyer les pieds ; de cette manière et grâce à ce soutien, soixante-dix-sept nègres pouvaient fort bien tenir adossés de chaque côté du navire, d’autant plus que, pour les empêcher de rouler les uns sur les autres, en cas de gros temps, ce qui n’aurait pas manqué d’arriver, on plaça entre chacun un anneau de fer qui devait servir à les amarrer. Il est vrai que l’anneau prenait un peu de la place sur laquelle avait compté le capitaine Pamphile, et qu’au lieu d’avoir une ligne et demie de trop, chaque homme se trouvait avoir trois lignes de moins ; mais qu’est-ce que trois lignes pour un homme ! trois lignes ! il faudrait avoir l’esprit bien mal fait pour chicaner sur trois lignes, surtout lorsqu’il vous en reste cent quarante-deux.

Même opération avait été établie pour le fond : les nègres, ainsi disposés sur deux rangs, laissaient vide un espace de douze pieds. Le capitaine Pamphile fit, au milieu de cet espace, pratiquer une espèce de lit de camp de la même largeur que les adossoirs ; mais, comme il ne devait y avoir que soixante-seize nègres pour le remplir, chaque homme gagnait une demi-ligne trois douzièmes ; aussi