Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/257

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champs de maïs, de riz, de cannes à sucre et de café, au milieu desquels les chemins étaient à peine tracés pour la circulation des exploitants ; toutes ces terres rapportaient naturellement, et sans que l’homme s’en occupât le moins du monde. Cependant les naturels les labouraient, parce qu’il arrivait souvent qu’avec le soc de leur charrue, ils découvraient des lingots d’or de deux ou trois livres, et des diamants de trente à trente-cinq carats.

Enfin, autant qu’on pouvait en juger par les trois magnifiques palais qui s’élevaient sur la place principale des Mosquitos, la ville était bâtie dans un style mélangé, qui participait à la fois de l’antique simplicité grecque, de la capricieuse ornementation du moyen âge et de la noble impuissance moderne ; ainsi le palais du cacique était fait sur le modèle du Parthénon, le théâtre avait une façade dans le goût de celle du dôme de Milan, et la bourse ressemblant à l’église Notre-Dame de Lorette. Quant à la population, elle était vêtue d’habits magnifiques, tout resplendissants d’or et de pierreries. Des négresses suivaient les femmes avec des parasols de plumes de toucan et de colibri ; les laquais faisaient l’aumône avec des pièces d’or, et il y avait dans un coin du tableau un pauvre qui nourrissait son chien avec des saucisses.

Quinze jours après l’arrivée du cacique à Londres, il n’était bruit, depuis Dublin jusqu’à Édimbourg, que de l’Eldorado mosquitos ; le peuple s’arrêtait devant ces magnifiques prospectus en telle affluence, que la baguette du constable devint insuffisante pour dissiper les