Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/264

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duite par tous les journaux européens ; ce fut à cette occasion que le Constitutionnel fit cet article remarquable qui est encore dans tous les souvenirs, intitulé Noble Angleterre.

On comprend qu’une pareille largesse de la part d’un prince à qui on ne la demandait pas, redoubla la confiance qu’on avait en lui et tripla le nombre des émigrants. Le nombre s’éleva à seize mille six cent trente-neuf, et le consul signait le seize mille six cent trente-neuvième passeport, lorsque, remettant le susdit papier au seize mille six cent trente-neuvième émigrant, le consul lui demanda quel argent lui et ses compagnons emportaient. L’émigrant répondit qu’ils emportaient des billets de banque et des guinées. À ceci le consul répondit qu’il croyait devoir prévenir l’émigrant que les bank-notes perdaient à la banque mosquitos six pour cent, et l’or deux schellings par guinée, et cette perte était une chose qui se devait comprendre, à cause de l’éloignement des deux pays et de la rareté des relations, tout le commerce se faisant en général à Cuba, Haïti, la Jamaïque, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud.

L’émigrant, qui était un homme de sens, comprit parfaitement cette raison ; mais, désolé du déficit que devait produire dans sa petite fortune le change qu’il serait obligé de subir une fois arrivé au lieu de sa destination, il demanda à Son Excellence le consul si, par faveur spéciale, il ne pourrait pas lui donner de l’argent ou de l’or mosquitos en échange de ses guinées et de ses bank-note. Le consul répondit qu’il gardait son or et son ar-