Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/298

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la première classe, armés d’une escarcelle qu’ils font sonner.

Vous entrez à Pouzzoles avec une escorte princière et au milieu d’un concert de plaintes modulées sur tous les tons, depuis le fa d’en bas jusqu’au re ;

— Morts de faim !

— Ayez pitié d’un pauvre aveugle !

— N’oubliez pas un malheureux estropié !

— Donnez un grain à une femme veuve avec onze enfants !

— Faites l’aumône à un vieillard de soixante et quatorze ans, qui a son père et sa mère à sa charge !

Et, par-dessus tout cela, votre cicerone qui crie :

— Temple de Sérapis ! temple de Sérapis ! temple de Sérapis !

Mais ce qu’il y a de pis, c’est qu’en arrivant à la porte vous la trouvez encombrée de voitures vides, qui attendent là pour happer les voyageurs, comme les araignées attendent pour sauter sur les mouches. La police pourrait les forcer de se ranger aux deux côtés de la route et de laisser le milieu du chemin libre ; tout le monde s’en trouverait bien, les cochers les premiers ; mais, bah ! il n’y a plus de police à Pouzzoles depuis le jour où Sylla, | pour récréer un peu son agonie, a fait étrangler le syndic, qui ne voulait pas payer sa contribution.

La porte dépassée, vous croyez que vous allez pouvoir mettre vos chevaux au trot. Ah bien, oui ! on dépave à Pouzzoles ; je ne sais pas m’expliquer ce phénomène, on dépave toujours et l’on ne pave jamais. Alors, vous compre-