Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/34

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était chez lui, et, sur sa réponse affirmative, monta, tirant son chien, marche par marche, et cognant le canon de son fusil à tous les angles du mur, les cinq étages qui conduisent à l’atelier de notre célèbre peintre.

Il n’y trouva que son frère Alexandre.

Alexandre est un de ces hommes spirituels et originaux qu’on reconnaît pour artiste rien qu’en les regardant passer ; qui seraient bons à tout, s’ils n’étaient trop profondément paresseux pour jamais s’occuper sérieusement d’une chose ; ayant en tout l’instinct du beau et du vrai, le reconnaissant partout où ils le rencontrent, sans s’inquiéter si l’œuvre qui cause leur enthousiasme est avouée d’une coterie ou signée d’un nom ; au reste, bon garçon dans toute l’acception du mot, toujours prêt à retourner ses poches pour ses amis, et, comme tous les gens préoccupés d’une idée qui en vaut la peine, facile à entraîner, non par faiblesse de caractère, mais par ennui de la discussion et par crainte de la fatigue.

Avec cette disposition d’esprit, Alexandre se laissa facilement persuader par le nouvel arrivant qu’il trouverait grand plaisir à ouvrir la chasse avec lui dans la plaine Saint-Denis, où il y avait, disait-on, cette année, des cailles par bandes, des perdrix par volées et des lièvres par troupeaux.

En conséquence de cette conversation, Alexandre commanda une veste de chasse à Chevreuil, un fusil à Lepage et des guêtres à Boivin : le tout lui coûta six cent soixante francs, sans compter le port d’armes, qui lui fut délivré à la préfecture de police, sur la présentation du certificat