Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pamphile ; aussi les deux dignes négociants se serrèrent la main et se séparèrent enchantés l’un de l’autre.

» Cependant, ce marché, tout avantageux qu’il était, tourmentait la conscience mercantile du digne capitaine ; il réfléchissait, à part lui, que, s’il avait eu l’ivoire à si bon marché à la pointe orientale de l’Afrique, il devait le trouver à moitié prix à la pointe occidentale, puisque c’était surtout de ce côté que les éléphants étaient en si grand nombre, qu’ils avaient donné leur nom à une rivière. Il voulut donc en avoir le cœur net, et, arrivé sous le 30e degré de latitude, il ordonna de mettre le cap sur la terre ; seulement, s’étant trompé de quatre ou cinq degrés, il aborda à l’embouchure de la rivière d’Orange, au lieu de celle des Éléphants.

» Le capitaine Pamphile ne s’en inquiéta point autrement ; les distances étaient si rapprochées, qu’elles ne devaient produire aucune variété dans le prix ; en conséquence, il fit mettre la chaloupe en mer et remonta le fleuve jusqu’à la ville capitale des petits Namaquois, située à deux journées dans l’intérieur des terres. Il trouva le chef Outavaro revenant d’une grande chasse où il avait tué quinze éléphants. Les échantillons ne manquaient donc pas, et le capitaine put se convaincre qu’ils étaient encore supérieurs à ceux d’Outavari.

Il en résulta entre Outavaro et le capitaine un marché beaucoup plus avantageux encore pour ce dernier que celui qu’il avait passé avec Outavari. Le fils de l’Occident donnait au capitaine Pamphile deux mille défenses pour quinze cents bouteilles d’eau-de-vie ; c’était un tiers meil-