Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/65

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même avant sa publication, jouit déjà dans le monde de toute la réputation qu’il mérite. Jadin tira donc sans se faire prier son manuscrit de sa poche, et reprit l’histoire où il l’avait laissée.

» Le perroquet qu’avait acheté le capitaine Pamphile était un cacatois de la plus belle espèce, au corps blanc comme la neige, au bec noir comme l’ébène, et à la crête jaune comme du safran, crête qui se relevait ou s’abaissait selon qu’il était de bonne ou de mauvaise humeur, et lui donnait tantôt l’air paterne d’un épicier coiffé de sa casquette, tantôt l’aspect formidable d’un garde national orné de son bonnet à poils. Outre ces avantages physiques, Catacoua avait une foule de talents d’agrément ; il parlait également bien l’anglais, l’espagnol et le français, chantait le God save the king comme lord Wellington, le Pensativo estaba el cid comme don Carlos, et la Marseillaise comme le général La Fayette. On comprend qu’avec de pareilles dispositions philologiques, il ne tarda point, tombé qu’il était entre les mains de l’équipage de la Roxelane, à étendre rapidement le cercle de ses connaissances ; si bien qu’à peine se trouva-t-on, au bout de huit jours, en vue de l’île Sainte-Hélène, qu’il commençait à jurer très-proprement en provençal, à la grande jubilation du capitaine Pamphile, qui, comme les anciens troubadours, ne parlait que la langue d’Oc.

    de s’arracher l’œil, et un fac-simile de son écriture. On souscrit, sans rien payer d’avance, chez M. Amaury Duval, rue d’Anjou-Saint-Honoré, n° 36.