Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/90

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sens, il faut donc qu’ils nous permettent de nous interrompre un instant, malgré l’intérêt de la situation, pour leur raconter d’où lui venait cet effroi, que l’on pourrait croire prématuré, puisqu’il n’avait encore été provoqué par aucune démonstration hostile, et qui, par conséquent, pourrait nuire à la réputation irréprochable qu’il a laissée après lui.

C’était un soir de carnaval de l’an de grâce 1831. Tom habitait Paris depuis six mois à peine, et déjà cependant la société artistique au milieu de laquelle il vivait l’avait civilisé au point que c’était un des ours les plus aimables que l’on pût voir : il allait ouvrir la porte quand on sonnait, montait la garde des heures entières debout sur ses pieds de derrière, une hallebarde à la main, et dansait le menuet d’Exaudet, en tenant, avec une grâce infinie, un manche à balai derrière sa tête. Il avait passé la journée à se livrer à ces exercices innocents, à la grande satisfaction de l’atelier, et venait de s’endormir du sommeil du juste dans l’armoire qui lui servait de niche, lorsque l’on frappa à la porte de la rue. Au même instant, Jacques donna des signes de joie si manifestes, que Decamps devina que c’était son instituteur bien-aimé qui lui venait faire visite.

En effet, la porte s’ouvrit : Fau parut, habillé en paillasse, et Jacques, selon son habitude, s’élança dans ses bras.

— C’est bien, c’est bien !… dit Fau en posant Jacques sur la table et en lui mettant sa canne entre les mains : vous êtes une charmante bête. Portez arme ! présentez