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Page:Dumas - Le Caucase, 1859.djvu/101

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15 centimes le Numéro
28 Avril 1859
No 13

LE CAUCASE
JOURNAL DE VOYAGES ET ROMANS
PARAISSANT TOUS LES JOURS

Nous commençons notre publication par le voyage d’ALEXANDRE DUMAS au Caucase.
Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.

Partout où elles s’abattent, la moisson est faite. Si c’est dans les champs, il ne reste pas un seul épi de blé : si c’est sur une forêt, il ne reste pas une feuille aux arbres.

Par bonheur, ces nuées de sauterelles, si épaisses qu’elles soient, se fondent bientôt ; elles sont suivies par des bandes d’oiseaux que les Persans et les Géorgiens vénèrent comme les Hollandais les cigognes, comme les Égyptiens l’ibis.

Ce destructeur de sauterelles s’appelle dans le pays le tarby ; c’est le paradisea tristis de nos musées.

Maintenant, comme si les animaux, eux aussi, devaient être exposés aux mêmes accidents que l’homme, il existe dans tout le bassin compris entre les deux mers une plante mortelle aux chevaux.

C’est l’absinthe pontique.

Souvent d’un troupeau de quarante, cinquante, cent chevaux qui tombent sur un pâturage où croît cette plante, pas un n’échappe. Le général Titianoff, dont nous avons raconté la mort tragique lors du siége qu’il fit de Bakou, perdit de cette façon tous les chevaux de son artillerie.

Les moutons et les bœufs la mangent impunément.

La saignée, le lait aigre et l’huile sont les meilleurs, mais ne sont pas toujours d’efficaces remèdes contre cet empoisonnement.

Nous invitons les touristes à qui prendrait l’envie de faire le voyage que nous avons fait, à se munir à Pétersbourg ou à Moscou d’un sac de poudre persane.

Cette poudre a la propriété d’éloigner de celui qui la sème autour de lui, la plupart des insectes dont nous venons de raconter les instincts malfaisants.

Au reste, je rapporte en France un sachet de cette poudre. On pourra l’analyser. Mes faibles connaissances botaniques