me sera reconnaissant toute sa vie, et justement j’ai besoin de sa reconnaissance.
— Pourquoi faire ?
— Pour négocier un emprunt.
— Oh ! s’écria la reine en riant, voilà que vous me gâtez votre belle action.
— Ma sœur, dit le comte d’Artois d’un air grave, vous devez avoir besoin d’argent ; foi de fils de France ! je mets à votre disposition la moitié de la somme que je toucherai.
— Oh ! mon frère ! s’écria Marie-Antoinette, gardez, gardez- ; Dieu merci ! je n’ai besoin de rien en ce moment.
— Diable ! n’attendez pas trop longtemps pour réclamer ma promesse, chère sœur.
— Pourquoi cela ?
— Parce que je pourrais bien, si vous attendiez trop longtemps, n’être plus en mesure de la tenir.
— Eh bien ! en ce cas, je m’arrangerai aussi, moi, de façon à découvrir quelque secret d État.
— Ma sœur, vous prenez froid, dit le prince, vos joues bleuissent, je vous en préviens.
— Voici monsieur de Taverney qui revient avec mon traîneau.
— Alors vous n’avez plus besoin de moi, ma sœur ?
— Non.
— En ce cas, chassez-moi, je vous prie.
— Pourquoi ? vous figurez-vous, par hasard, que vous me gênez en quelque chose que ce soit.
— Non pas, c’est moi, au contraire qui ai besoin de ma liberté.
— Adieu, alors.
— Au revoir, chère sœur.
— Quand ?
— Ce soir.
— Qu’y a-t-il donc ce soir ?
— il n’y a pas, mais, il y aura.
— Eh bien ! qu’y aura-t-il ?
— Il y aura grand monde au jeu du roi.