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LE COLUER DE LA REINE. ib^

— Mais, dit-elle, je vois des visages fort agréables, dos visagos amis surtout.

— Ne rogaidez pas qui nous avons, ma sœur, regardez qui nous manque.

— Ah ! c’est ma foi vrai 1 s’écria-t-ellc. Le comte d’Arlois se mit à rire.

— Encore absent, reprit la reine. Ah rà I le ferai-jo toujours fuir ainsi ?

— Non, dit le comte d’Artois ; seulement, la plaisanterie se prolonge. Monsieur est allé attendre le bailli de Suflfren à la barrière.

— Mais, en ce cas, je ne vois pas pourquoi vous riez, mon frère.

— Vous ne voyez pas pourquoi je ris ?

— Sans doute, si Monsieur a été attendre le bailli do SufTren à la barrière, il a été plus fin que nous, voilà tout, puisque le premier il le verra, et par conséquent le complimentera avant tout le monde.

— Allons donc, chère sœur, répliqua le jeune prince en riant, vous avez une bien petite idée do notre diplomatie ; Monsieur est allé attendre le bailli à la barrière de Fontainebleau, c’est vrai ; mais nous avons, nous, quelqu’un qui l’attend au relais deVillejuif.

— En vérité ?

— En sorte, continua le comte d’Arlois, que Monsieur se morfondra seul à sa bamère, tandis que, sur un ordre du roi, monsieur do Suffren, tournant Paris, arrivera directement à Versailles, où nous l’attendons.

— C’est merveilleusement imaginé.

— Mais pas mal, et je suis assez content ^e moi. Faites yotrejeu, ma sœur.

Il y avait en ce moment dans la salle du jeu cent personnes au moins de la plus haute qualité : Monsieur de Gondé, monsieur de Pentliièvre, monsieur de la Trémouillej les princesses.

Le roi seul s’aperçut que monsieur le comte d’Artois faisait rire la reine, et pour se mettre un pou dans leur complot, il leur envoya un coup d’œil des plus significatifs. La nouvelle de l’arrivée du commandeur de Suffren ne