rité, maréchal, on a raison de mettre double couche de rouge quand on vient chez vous.
Puis se retournant vers Cagliostro :
— En vérité, monsieur, dit-elle, vous avez donc le secret de rajeunir, car âgé de trois ou quatre mille ans, comme vous l’êtes, vous paraissez quarante ans à peine ?
— Oui, madame, j’ai le secret de rajeunir.
— Oh ! rajeunissez-moi donc, alors.
— Vous, madame, c’est inutile, et le miracle est fait. On a l’âge que l’on paraît avoir, et vous avez trente ans au plus.
— C’est une galanterie.
— Non, madame, c’est un fait.
— Expliquez-vous ?
— C’est bien facile. Vous avez usé de mon procédé pour vous-même.
— Comment cela ?
— Vous avez pris de mon élixir.
— Moi ?
— Vous-même, comtesse. Oh ! vous ne l’avez pas oublié.
— Oh ! par exemple !
— Comtesse, vous souvient-il d’une maison de la rue Saint-Claude ? vous souvient-il d’être venue dans cette maison pour certaine affaire concernant M. de Sartines ? vous souvient-il d’avoir rendu un service à l’un de mes amis nommé Joseph Balsamo ? vous souvient-il que Joseph Balsamo vous fit présent d’un flacon d’élixir en vous recommandant d’en prendre trois gouttes tous les matins ? vous souvient-il d’avoir suivi l’ordonnance Jusqu’à l’an dernier, époque à laquelle le flacon s’était trouvé épuisé ? Si vous ne vous souveniez plus de tout cela, comtesse, en vérité, ce ne serait plus un oubli, ce serait de l’ingratitude.
— Oh ! monsieur de Cagliostro, vous me dites là des choses…
— Qui ne sont connues que de vous seule, je le sais bien. Mais où serait le mérite d’être sorcier, si l’on ne savait pas les secrets de son prochain ?