Page:Dumas - Le Collier de la reine, 1888, tome 1.djvu/31

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— Mais Joseph Balsamo avait donc, comme vous, la recette de cet admirable élixir ?

— Non, madame ; mais comme c’était un de mes meilleurs amis, je lui en avais donné trois ou quatre flacons.

— Et lui en reste-t-il encore ?

— Oh ! je n’en sais rien. Depuis trois ans le pauvre Balsamo a disparu. La dernière fois que je le vis, c’était en Amérique, sur les rives de l’Ohio ; il partait pour une expédition dans les montagnes Rocheuses, et depuis, j’ai entendu dire qu’il y était mort.

— Voyons, voyons, comte, s’écria le maréchal ; trêve de galanteries, par grâce ! Le secret, comte, le secret !

— Parlez-vous sérieusement, monsieur, demanda le comte de Haga.

— Très sérieusement, sire ; pardon, je veux dire monsieur le comte, et Cagliostro s’inclina de façon à indiquer que l’erreur qu’il venait de commettre était tout à fait volontaire.

— Ainsi, dit le maréchal, madame n’est pas assez vieille pour être rajeunie ?

— Non, en conscience.

— Eh bien ! alors, je vais vous présenter un autre sujet. Voici mon ami Taverney. Qu’en dites-vous ? N’a-t-il pas l’air d’être le contemporain de Ponce-Pilate ? Mais peut-être est-ce tout le contraire, et est-il trop vieux, lui ?

Cagliostro regarda le baron.

— Non pas, dit-il.

— Ah ! mon cher comte, s’écria Richelieu, si vous rajeunissez celui-là, je vous proclame l’élève de Médée.

— Vous le désirez, demanda Cagliostro en s’adressant de la parole au maître de la maison, et des yeux à tout l’auditoire.

Chacun fit signe que oui.

— Et vous comme les autres, monsieur de Taverney ?

— Moi plus que les autres, morbleu ! dit le baron.

— Eh bien ! c’est facile, dit Cagliostro.

Et il glissa ses deux doigts dans sa poche et en tira une petite bouteille octaèdre.

Puis il prit un verre de cristal encore pur, et y versa