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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/104

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a existé ; on ne vous la représentera point : niez-la donc si l’on vous en parle, niez-la hardiment et vous êtes sauvé.

— Je nierai, Monsieur, soyez tranquille, dit Dantès.

— Bien, bien ! dit Villefort en portant la main au cordon d’une sonnette ; puis s’arrêtant au moment de sonner :

— C’était la seule lettre que vous eussiez ? dit-il.

— La seule.

— Faites-en serment.

Dantès étendit la main.

— Je le jure, dit-il.

Villefort sonna.

Le commissaire de police entra.

Villefort s’approcha de l’officier public et lui dit quelques mots à l’oreille ; le commissaire répondit par un simple signe de tête.

— Suivez Monsieur, dit Villefort à Dantès.

Dantès s’inclina, jeta un dernier regard de reconnaissance à Villefort et sortit.

À peine la porte fut-elle refermée derrière lui que les forces manquèrent à Villefort, et qu’il tomba presque évanoui sur un fauteuil.

Puis, au bout d’un instant :

— Ô mon Dieu ! murmura-t-il, à quoi tiennent la vie et la fortune !… Si le procureur du roi eût été à Marseille, si le juge d’instruction eût été appelé au lieu de moi, j’étais perdu ; et ce papier, ce papier maudit me précipitait dans l’abîme. Ah ! mon père, mon père, serez-vous donc toujours un obstacle à mon bonheur en ce monde, et dois-je lutter éternellement avec votre passé !

Puis tout à coup une lueur inattendue parut passer par son esprit et illumina son visage ; un sourire se dessina