Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/181

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— Qui vous a fait arrêter ? demanda l’inspecteur.

— M. de Villefort, répondit Dantès. Voyez-le et entendez-vous avec lui.

— M. de Villefort n’est plus à Marseille depuis un an, mais à Toulouse.

— Ah ! cela ne m’étonne plus, murmura Dantès ; mon seul protecteur est éloigné.

— M. de Villefort avait-il quelque motif de haine contre vous ? demanda l’inspecteur.

— Aucun, Monsieur ; et même il a été bienveillant pour moi.

— Je pourrai donc me fier aux notes qu’il a laissées sur vous ou qu’il me donnera ?

— Entièrement, Monsieur.

— C’est bien, attendez.

Dantès tomba à genoux, levant les mains vers le ciel, et murmurant une prière dans laquelle il recommandait à Dieu cet homme qui était descendu dans sa prison, pareil au Sauveur allant délivrer les âmes de l’enfer.

La porte se referma ; mais l’espoir descendu avec l’inspecteur était resté enfermé dans le cachot de Dantès.

— Voulez-vous voir le registre d’écrou tout de suite, demanda le gouverneur, ou passer au cachot de l’abbé ?

— Finissons-en avec les cachots tout d’un coup, répondit l’inspecteur. Si je remontais au jour, je n’aurais peut-être plus le courage de continuer ma triste mission.

— Ah ! celui-là n’est point un prisonnier comme l’autre, et sa folie, à lui, est moins attristante que la raison de son voisin.

— Et quelle est sa folie ?

— Oh ! une folie étrange : il se croit possesseur d’un trésor immense. La première année de sa captivité, il a fait offrir au gouvernement un million si le