Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/201

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besogne pour tâcher de deviner quel est celui qui frappe et dans quel but il frappe. Mais comme son travail sera non seulement licite, mais encore commandé, il reprendra bientôt son travail. Si au contraire c’est un prisonnier, le bruit que je ferai l’effrayera ; il craindra d’être découvert ; il cessera son travail et ne le reprendra que ce soir, quand il croira tout le monde couché et endormi.

Aussitôt Edmond se leva de nouveau. Cette fois, ses jambes ne vacillaient plus et ses yeux étaient sans éblouissements. Il alla vers un angle de sa prison, détacha une pierre minée par l’humidité, et revint frapper le mur à l’endroit même où le retentissement était le plus sensible.

Il frappa trois coups.

Dès le premier, le bruit avait cessé comme par enchantement.

Edmond écouta de toute son âme. Une heure s’écoula, deux heures s’écoulèrent, aucun bruit nouveau ne se fit entendre ; Edmond avait fait naître de l’autre côté de la muraille un silence absolu.

Plein d’espoir, Edmond mangea quelques bouchées de son pain, avala quelques gorgées d’eau, et, grâce à la constitution puissante dont la nature l’avait doué, se retrouva à peu près comme auparavant.

La journée s’écoula, le silence durait toujours.

La nuit vint sans que le bruit eût recommencé.

— C’est un prisonnier, se dit Edmond avec une indicible joie.

Dès lors sa tête s’embrasa, la vie lui revint violente à force d’être active.

La nuit se passa sans que le moindre bruit se fît entendre.

Edmond ne ferma pas les yeux de cette nuit.

Le jour revint ; le geôlier rentra apportant les