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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/29

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et alors je suis venu, continua Caderousse, pour avoir le plaisir de serrer la main à un ami !

— Ce bon Caderousse, dit le vieillard, il nous aime tant.

— Certainement que je vous aime, et que je vous estime encore, attendu que les honnêtes gens sont rares ! Mais il paraît que tu deviens riche, garçon ? continua le tailleur en jetant un regard oblique sur la poignée d’or et d’argent que Dantès avait déposée sur la table.

Le jeune homme remarqua l’éclair de convoitise qui illumina les yeux noirs de son voisin.

— Eh ! mon Dieu ! dit-il négligemment, cet argent n’est point à moi ; je manifestais au père la crainte qu’il n’eût manqué de quelque chose en mon absence, et pour me rassurer, il a vidé sa bourse sur la table. Allons, père, continua Dantès, remettez cet argent dans votre tirelire ; à moins que le voisin Caderousse n’en ait besoin à son tour, auquel cas il est bien à son service.

— Non pas, garçon, dit Caderousse, je n’ai besoin de rien, et, Dieu merci, l’état nourrit son homme. Garde ton argent, garde : on n’en a jamais de trop ; ce qui n’empêche pas que je ne te sois obligé de ton offre comme si j’en profitais.

— C’était de bon cœur, dit Dantès.

— Je n’en doute pas. Eh bien ! te voilà donc au mieux avec M. Morrel ? câlin que tu es.

— M. Morrel a toujours eu beaucoup de bonté pour moi, répondit Dantès.

— En ce cas, tu as tort de refuser son dîner.

— Comment refuser son dîner ? reprit le vieux Dantès ; il t’avait donc invité à dîner ?

— Oui, mon père, reprit Edmond en souriant de