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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/126

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jeune fille de son âge, mais on n’a pas besoin de connaître le danger pour craindre ; il y a même une chose à remarquer, n’est que ce sont justement les dangers inconnus qui inspirent les plus grandes terreurs.

Julie hésitait, elle résolut de demander conseil.

Mais, par un sentiment étrange, ce ne fut ni à sa mère ni à son frère qu’elle eut recours, ce fut à Emmanuel.

Elle descendit, lui raconta ce qui lui était arrivé le jour où le mandataire de la maison Thomson et French était venu chez son père ; elle lui dit la scène de l’escalier, lui répéta la promesse qu’elle avait faite et lui montra la lettre.

— Il faut y aller, Mademoiselle, dit Emmanuel.

— Y aller ? murmura Julie.

— Oui, je vous y accompagnerai.

— Mais vous n’avez pas vu que je dois être seule ? dit Julie.

— Vous serez seule aussi, répondit le jeune homme, moi je vous attendrai au coin de la rue du Musée ; et si vous tardez de façon à me donner quelque inquiétude, alors j’irai vous rejoindre, et, je vous en réponds, malheur à ceux dont vous me diriez que vous auriez eu à vous plaindre !

— Ainsi, Emmanuel, reprit en hésitant la jeune fille, votre avis est donc que je me rende à cette invitation ?

— Oui ; le messager ne vous a-t-il pas dit qu’il y allait du salut de votre père ?

— Mais enfin, Emmanuel, quel danger court-il donc ? demanda la jeune fille.

Emmanuel hésita un instant, mais le désir de décider la jeune fille d’un seul coup et sans retard l’emporta.

— Écoutez ; lui dit-il, c’est aujourd’hui le 5 septembre, n’est-ce pas ?

— Oui.