Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/125

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— Oui, Monsieur, répondit Julie toute balbutiante ; mais que me voulez-vous ? je ne vous connais pas.

— Lisez cette lettre, dit l’homme en lui tendant un billet.

Julie hésitait.

— Il y va du salut de votre père, dit le messager.

La jeune fille lui arracha le billet des mains.

Puis elle l’ouvrit vivement et lut :


« Rendez-vous à l’instant même aux Allées de Meilhan, entrez dans la maison no 15, demandez à la concierge la clef de la chambre du cinquième, entrez dans cette chambre, prenez sur le coin de la cheminée une bourse en filet de soie rouge, et apportez cette bourse à votre père.

« Il est important qu’il l’ait avant onze heures.

« Vous avez promis de m’obéir aveuglément, je vous rappelle votre promesse.

« Simbad le Marin. »

La jeune fille poussa un cri de joie, leva les yeux, chercha, pour l’interroger, l’homme qui lui avait remis ce billet, mais il avait disparu.

Elle reporta alors les yeux sur le billet pour le lire une seconde fois et s’aperçut qu’il avait un post-scriptum.

Elle lut :


« Il est important que vous remplissiez cette mission en personne et seule ; si vous veniez accompagnée ou qu’une autre que vous se présentât, le concierge répondrait qu’il ne sait ce que l’on veut dire. »


Ce post-scriptum fut une puissante correction à la joie de la jeune fille. N’avait-elle rien à craindre, n’était-ce pas quelque piège qu’on lui tendait ? Son innocence lui laissait ignorer quels étaient les dangers que pouvait courir une