Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/199

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Rita était couchée entre eux deux.

La lune éclairait cette scène.

— Eh bien ! lui dit Cucumetto, as-tu fait la commission dont tu t’étais chargé ?

— Oui, capitaine, répondit Carlini, et demain, avant neuf heures, le père de Rita sera ici avec l’argent.

— À merveille. En attendant, nous allons passer une joyeuse nuit. Cette jeune fille est charmante, et tu as en vérité, bon goût, maître Carlini. Aussi, comme je ne suis pas égoïste, nous allons retourner auprès des camarades et tirer au sort à qui elle appartiendra maintenant.

— Ainsi, vous êtes décidé à l’abandonner à la loi commune ? demanda Carlini.

— Et pourquoi ferait-on exception en sa faveur ?

— J’avais cru qu’à ma prière…

— Et qu’es-tu plus que les autres ?

— C’est juste.

— Mais, sois tranquille, reprit Cucumetto en riant, un peu plus tôt, un peu plus tard, ton tour viendra.

Les dents de Carlini se serraient à se briser.

— Allons, dit Cucumetto en faisant un pas vers les convives, viens-tu ?

— Je vous suis…

Cucumetto s’éloigna sans perdre de vue Carlini, car sans doute il craignait qu’il ne le frappât par derrière. Mais rien dans le bandit ne dénonçait une intention hostile.

Il était debout, les bras croisés, près de Rita toujours évanouie.

Un instant, l’idée de Cucumetto fut que le jeune homme allait la prendre dans ses bras et fuir avec elle. Mais peu lui importait maintenant, il avait eu de Rita ce