Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/201

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— À ta santé, Diavolaccio, dit-il d’une voix parfaitement calme ; et il avala le contenu du verre sans que sa main tremblât.

Puis, s’asseyant près du feu :

— Ma part de souper, dit-il ! la course que je viens de faire m’a donné de l’appétit.

— Vive Carlini ! s’écrièrent les brigands.

— À la bonne heure, voilà ce qui s’appelle prendre la chose en bon compagnon. Et tous reformèrent le cercle autour du foyer tandis que Diavolaccio s’éloignait.

Carlini mangeait et buvait comme si rien ne s’était passé.

Les bandits le regardaient avec étonnement, ne comprenant rien à cette impassibilité, lorsqu’ils entendirent derrière eux retentir sur le sol un pas alourdi.

Ils se retournèrent et aperçurent Diavolaccio tenant la jeune fille entre ses bras.

Elle avait la tête renversée, et ses longs cheveux pendaient jusqu’à terre.

À mesure qu’ils entraient dans le cercle de la lumière projetée par le foyer, on s’apercevait de la pâleur de la jeune fille et de la pâleur du bandit.

Cette apparition avait quelque chose de si étrange et de si solennel, que chacun se leva, excepté Carlini, qui resta assis et continua de boire et de manger comme si rien ne se passait autour de lui.

Diavolaccio continuait de s’avancer au milieu du plus profond silence, et déposa Rita aux pieds du capitaine.

Alors tout le monde put reconnaître la cause de cette pâleur de la jeune fille et de cette pâleur du bandit.

Rita avait un couteau enfoncé jusqu’au manche au-dessous de la mamelle gauche.