Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/209

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italienne qui n’a son égale dans aucun autre pays du monde : ils étaient vêtus de leur côté en paysans d’Albano, de Velletri, de Civita-Castellana et de Sora.

Il va sans dire que ces costumes de paysans, comme ceux de paysannes, étaient resplendissants d’or et de pierreries.

Il vint à Carmela l’idée de faire un quadrille uniforme, seulement il manquait une femme.

Carmela regardait tout autour d’elle, pas une de ses invitées n’avait un costume analogue au sien et à ceux de ses compagnes.

Le comte de San-Felice lui montra, au milieu des paysannes, Teresa appuyée au bras de Luigi.

— Est-ce que vous permettez, mon père ? dit Carmela.

— Sans doute, répondit le comte, ne sommes-nous pas en carnaval !

Carmela se pencha vers un jeune homme qui l’accompagnait en causant, et lui dit quelques mots tout en lui montrant du doigt la jeune fille.

Le jeune homme suivit des yeux la jolie main qui lui servait de conductrice, fit un geste d’obéissance, et vint inviter Teresa à figurer au quadrille dirigé par la fille du comte.

Teresa sentit comme une flamme qui lui passait sur le visage. Elle interrogea du regard Luigi : il n’y avait pas moyen de refuser. Luigi laissa lentement glisser le bras de Teresa, qu’il tenait sous le sien, et Teresa, s’éloignant conduite par son élégant cavalier, vint prendre, toute tremblante, sa place au quadrille aristocratique.

Certes, aux yeux d’un artiste, l’exact et sévère costume de Teresa eût eu un bien autre caractère que celui de Carmela et de ses compagnes ; mais Teresa était une jeune fille frivole et coquette ; les broderies de la