Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/217

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Là, les cris : Au secours ! arrivèrent à lui plus distincts.

Il jeta les yeux sur l’espace qu’il dominait : un homme enlevait Teresa, comme le centaure Nessus Déjanire.

Cet homme, qui se dirigeait vers le bois, était déjà aux trois quarts du chemin de la grotte à la forêt.

Vampa mesura l’intervalle ; cet homme avait deux cents pas d’avance au moins sur lui, il n’y avait pas de chance de le rejoindre avant qu’il eût gagné le bois.

Le jeune pâtre s’arrêta comme si ses pieds eussent pris racine. Il appuya la crosse de son fusil à son épaule, leva lentement le canon dans la direction du ravisseur, le suivit une seconde dans sa course et fit feu.

Le ravisseur s’arrêta court ; ses genoux plièrent, et il tomba entraînant Teresa dans sa chute.

Mais Teresa se releva aussitôt ; quant au fugitif, il resta couché se débattant dans les convulsions de l’agonie.

Vampa s’élança aussitôt vers Teresa, car à dix pas du moribond les jambes lui avaient manqué à son tour, et elle était retombée à genoux : le jeune homme avait cette crainte terrible que la balle qui venait d’abattre son ennemi n’eût en même temps blessé sa fiancée.

Heureusement il n’en était rien, c’était la terreur seule qui avait paralysé les forces de Teresa. Lorsque Luigi se fut bien assuré qu’elle était saine et sauve, il se retourna vers le blessé.

Il venait d’expirer les poings fermés, la bouche contractée par la douleur, et les cheveux hérissés sous la sueur de l’agonie.

Ses yeux étaient restés ouverts et menaçants.

Vampa s’approcha du cadavre, et reconnut Cucumetto.

Depuis le jour où le bandit avait été sauvé par les deux