Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/218

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jeunes gens, il était devenu amoureux de Teresa et avait juré que la jeune fille serait à lui. Depuis ce jour il l’avait épiée ; et, profitant du moment où son amant l’avait laissée seule pour indiquer le chemin au voyageur, il l’avait enlevée et la croyait déjà à lui, lorsque la balle de Vampa, guidée par le coup d’œil infaillible du jeune pâtre, lui avait traversé le cœur.

Vampa le regarda un instant sans que la moindre émotion se trahît sur son visage, tandis qu’au contraire Teresa, toute tremblante encore, n’osait se rapprocher du bandit mort qu’à petits pas, et jetait en hésitant un coup d’œil sur le cadavre par-dessus l’épaule de son amant.

Au bout d’un instant Vampa se retourna vers sa maîtresse.

— Ah ! ah ! dit-il c’est bien ; tu es habillée ; à mon tour de faire ma toilette.

En effet, Teresa était revêtue de la tête aux pieds du costume de la fille du comte de San-Felice.

Vampa prit le corps de Cucumetto entre ses bras, l’emporta dans la grotte, tandis qu’à son tour Teresa restait dehors.

Si un second voyageur fût alors passé, il eût vu une chose étrange : c’était une bergère gardant ses brebis avec une robe de cachemire, des boucles d’oreilles et un collier de perles, des épingles de diamants et des boutons de saphirs, d’émeraudes et de rubis.

Sans doute il se fût cru revenu au temps de Florian, et eût affirmé, en revenant à Paris, qu’il avait rencontré la bergère des Alpes assise au pied des monts Sabins.

Au bout d’un quart d’heure Vampa sortit à son tour de la grotte. Son costume n’était pas moins élégant dans son genre que celui de Teresa.

Il avait une veste de velours grenat à boutons d’or