Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sons : ils marchèrent ainsi une heure et demie à peu près.

Au bout de ce temps, ils étaient arrivés à l’endroit le plus touffu du bois. Un torrent dont le lit était à sec conduisait dans une gorge profonde. Vampa prit cet étrange chemin, qui, encaissé entre deux rives et rembruni par l’ombre épaisse des pins, semblait, moins la descente facile, ce sentier de l’Averne dont parle Virgile.

Teresa, redevenue craintive à l’aspect de ce lieu sauvage et désert, se serrait contre son guide, sans dire une parole ; mais comme elle le voyait marcher toujours d’un pas égal, comme un calme profond rayonnait sur son visage, elle avait elle-même la force de dissimuler son émotion.

Tout à coup, à dix pas d’eux, un homme sembla se détacher d’un arbre derrière lequel il était caché, et mettant Vampa en joue :

— Pas un pas de plus ! cria-t-il, ou tu es mort.

— Allons donc, dit Vampa en levant la main avec un geste de mépris, tandis que Teresa, ne dissimulant plus sa terreur, se pressait contre lui, est-ce que les loups se déchirent entre eux !

— Qui es-tu ? demanda la sentinelle.

— Je suis Luigi Vampa, le berger de la ferme de San-Felice.

— Que veux-tu ?

— Je veux parler à tes compagnons qui sont à la clairière de Rocca Bianca.

— Alors, suis-moi, dit la sentinelle, ou plutôt, puisque tu sais où cela est, marche devant.

Vampa sourit d’un air de mépris à cette précaution du bandit, passa devant avec Teresa et continua son chemin du même pas ferme et tranquille qui l’avait conduit jusque-là.