Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ciselés, un gilet de soie tout couvert de broderies, une écharpe romaine nouée autour du cou, une cartouchière toute piquée d’or et de soie rouge et verte ; des culottes de velours bleu de ciel attachées au-dessous du genou par des boucles de diamants, des guêtres de peau de daim bariolées de mille arabesques, et un chapeau où flottaient des rubans de toutes couleurs ; deux montres pendaient à sa ceinture, et un magnifique poignard était passé à sa cartouchière.

Teresa jeta un cri d’admiration. Vampa, sous cet habit, ressemblait à une peinture de Léopold Robert ou de Schnetz.

Il avait revêtu le costume complet de Cucumetto.

Le jeune homme s’aperçut de l’effet qu’il produisait sur sa fiancée, et un sourire d’orgueil passa sur sa bouche.

— Maintenant, dit-il à Teresa, es-tu prête à partager ma fortune quelle qu’elle soit ?

— Oh oui ! s’écria la jeune fille avec enthousiasme.

— À me suivre partout où j’irai ?

— Au bout du monde.

— Alors prends mon bras et partons, car nous n’avons pas de temps à perdre.

La jeune fille passa son bras sous celui de son amant, sans même lui demander où il la conduisait ; car en ce moment il lui paraissait beau, fier et puissant comme un dieu.

Et tous deux s’avancèrent dans la forêt, dont, au bout de quelques minutes, ils eurent franchi la lisière.

Il va sans dire que tous les sentiers de la montagne étaient connus de Vampa ; il avança donc dans la forêt sans hésiter un seul instant, quoiqu’il n’y eût aucun chemin frayé, mais seulement reconnaissant la route qu’il devait suivre à la seule inspection des arbres et des buis-