Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/259

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vénérée de don César Torlini, chanoine de l’église Saint-Jean de Latran, et le nommé Peppino, dit Rocca Priori, convaincu de complicité avec le détestable bandit Luigi Vampa et les hommes de sa troupe…

— Hum ! « Le premier sera mazzolato, le second decapitato. » Oui, en effet, reprit le comte, c’était bien comme cela que la chose devait se passer d’abord ; mais je crois que depuis hier il est survenu quelque changement dans l’ordre et la marche de la cérémonie.

— Bah ! dit Franz.

— Oui, hier chez le cardinal Rospigliosi, où j’ai passé la soirée, il était question de quelque chose comme d’un sursis accordé à l’un des deux condamnés.

— À Andrea Rondolo ? demanda Franz.

— Non… reprit négligemment le comte ; à l’autre… (il jeta un coup d’œil sur le calepin comme pour se rappeler le nom), à Peppino, dit Rocca Priori. Cela vous prive d’une guillotinade, mais il vous reste la mazzolata, qui est un supplice fort curieux quand on le voit pour la première fois, et même pour la seconde, tandis que l’autre, que vous devez connaître d’ailleurs, est trop simple, trop uni : il n’y a rien d’inattendu. La mandaïa ne se trompe pas, elle ne tremble pas, ne frappe pas à faux, ne s’y reprend pas à trente fois comme le soldat qui coupait la tête au comte de Chalais, et auquel, au reste, Richelieu avait peut-être recommandé le patient. Ah ! tenez, ajouta le comte d’un ton méprisant, ne me parlez pas des Européens pour les supplices, il n’y entendent rien et en sont véritablement à l’enfance ou plutôt à la vieillesse de la cruauté.

— En vérité, monsieur le comte, répondit Franz, on croirait que vous avez fait une étude comparée des supplices chez les différents peuples du monde.