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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/267

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Franz savait qu’Albert avait la prétention de ne se faire une opinion sur les hommes et sur les choses qu’après de mûres réflexions, il ne tenta pas de rien changer à la sienne.

— Mais, dit-il, avez-vous remarqué une chose singulière ?

— Laquelle ?

— L’attention avec laquelle il vous regardait.

— Moi ?

— Oui, vous.

Albert réfléchit.

— Ah ! dit-il en poussant un soupir, rien d’étonnant à cela. Je suis depuis près d’un an absent de Paris, je dois avoir des habits de l’autre monde. Le comte m’aura pris pour un provincial ; détrompez-le, cher ami, et dites-lui, je vous prie, à la première occasion, qu’il n’en est rien.

Franz sourit ; un instant après le comte rentra.

— Me voici, Messieurs, dit-il, et tout à vous, les ordres sont donnés ; la voiture va de son côté place del Popolo, et nous allons nous y rendre du nôtre, si vous voulez bien, par la rue du Cours. Prenez donc quelques-uns de ces cigares, monsieur de Morcerf.

— Ma foi, avec grand plaisir, dit Albert, car vos cigares italiens sont encore pires que ceux de la régie. Quand vous viendrez à Paris, je vous rendrai tout cela.

— Ce n’est pas de refus ; je compte y aller quelque jour, et, puisque vous le permettez, j’irai frapper à votre porte. Allons, Messieurs, allons, nous n’avons pas de temps à perdre ; il est midi et demie, partons.

Tous trois descendirent. Alors le cocher prit les derniers ordres de son maître, et suivit la via del Babuino, tandis que les piétons remontaient par la place d’Espagne