Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/268

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et par la via Frattina, qui les conduisait tout droit entre le palais Fiano et le palais Rospoli.

Tous les regards de Franz furent pour les fenêtres de ce dernier palais ; il n’avait pas oublié le signal convenu dans le Colisée entre l’homme au manteau et le Transtévère.

— Quelles sont vos fenêtres ? demanda-t-il au comte du ton le plus naturel qu’il put prendre.

— Les trois dernières, répondit-il avec une négligence qui n’avait rien d’affecté ; car il ne pouvait deviner dans quel but cette question lui était faite.

Les yeux de Franz se portèrent rapidement sur les trois fenêtres. Les fenêtres latérales étaient tendues en damas jaune, et celle du milieu en damas blanc avec une croix rouge.

L’homme au manteau avait tenu sa parole au Transtévère, et il n’y avait plus de doute, l’homme au manteau c’était bien le comte.

Le trois fenêtres étaient encore vides.

Au reste, de tous côtés se faisaient les préparatifs ; on plaçait des chaises, on dressait des échafaudages, on tendait des fenêtres. Les masques ne pouvaient paraître, les voitures ne pouvaient circuler qu’au son de la cloche ; mais on sentait les masques derrière toutes les fenêtres, les voitures derrière toutes les portes.

Franz, Albert et le comte continuèrent de descendre la rue du Cours. À mesure qu’ils approchaient de la place du Peuple, la foule devenait plus épaisse, et, au-dessus des têtes de cette foule, on voyait s’élever deux choses : l’obélisque surmonté d’une croix qui indique le centre de la place, et, en avant de l’obélisque, juste au point de correspondance visuelle des trois rues del Babuino, del Corso et di Ripetta, les deux poutres suprêmes de