Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/323

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— Que fait le prisonnier ? demanda Vampa à la sentinelle.

— Ma foi, capitaine, répondit celle-ci, je n’en sais rien ; depuis plus d’une heure, je ne l’ai pas entendu remuer.

— Venez, Excellences ! dit Vampa.

Le comte et Franz montèrent sept ou huit marches, toujours précédés par le chef, qui tira un verrou et poussa une porte.

Alors, à la lueur d’une lampe pareille à celle qui éclairait le columbarium, on put voir Albert, enveloppé d’un manteau que lui avait prêté un des bandits, couché dans un coin et dormant du plus profond sommeil.

— Allons ! dit le comte souriant de ce sourire qui lui était particulier, pas mal pour un homme qui devait être fusillé à sept heures du matin.

Vampa regardait Albert endormi avec une certaine admiration ; on voyait qu’il n’était pas insensible à cette preuve de courage.

— Vous avez raison, monsieur le comte, dit-il, cet homme doit être de vos amis.

Puis s’approchant d’Albert et lui touchant l’épaule :

— Excellence ! dit-il, vous plaît-il de vous éveiller ?

Albert étendit les bras, se frotta les paupières et ouvrit les yeux.

— Ah ! ah ! dit-il, c’est vous, capitaine ! pardieu, vous auriez bien dû me laisser dormir ; je faisais un rêve charmant : je rêvais que je dansais le galop chez Torlonia avec la comtesse G… !

Il tira sa montre, qu’il avait gardée pour juger lui-même le temps écoulé.

— Une heure et demie du matin ! dit-il, mais pourquoi diable m’éveillez-vous à cette heure-ci ?