Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’un de l’autre, s’embrassèrent tendrement et regagnèrent ensemble la maison.

Cet homme, c’était M. de Villefort. Je jugeai qu’en sortant, surtout s’il sortait la nuit, il devait traverser seul le jardin dans toute sa longueur.

— Et, demanda le comte, avez-vous su depuis le nom de cette femme ?

— Non, Excellence, répondit Bertuccio ; vous allez voir que je n’eus pas le temps de l’apprendre.

— Continuez.

— Ce soir-là, reprit Bertuccio, j’aurais pu tuer peut-être le procureur du roi ; mais je ne connaissais pas encore assez le jardin dans tous ses détails. Je craignis de ne pas le tuer raide, et, si quelqu’un accourait à ses cris, de ne pouvoir fuir. Je remis la partie au prochain rendez-vous, et, pour que rien ne m’échappât, je pris une petite chambre donnant sur la rue que longeait le mur du jardin.

Trois jours après, vers sept heures du soir, je vis sortir de la maison un domestique à cheval qui prit au galop le chemin qui conduisait à la route de Sèvres ; je présumai qu’il allait à Versailles. Je ne me trompais pas. Trois heures après, l’homme revint tout couvert de poussière ; son message était terminé.

Dix minutes après, un autre homme à pied, enveloppé d’un manteau, ouvrit la petite porte du jardin, qui se referma sur lui.

Je descendis rapidement. Quoique je n’eusse pas vu le visage de Villefort, je le reconnus au battement de mon cœur : je traversai la rue, je gagnai une borne placée à l’angle du mur et à l’aide de laquelle j’avais regardé une première fois dans le jardin.

Cette fois je ne me contentai pas de regarder, je tirai