Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/118

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comme un méchant homme, et je le croyais incapable d’avoir commis un crime ou même un vol.

— Cela fait plus honneur à votre cœur qu’à votre expérience, monsieur Bertuccio. Aviez-vous connu cet Edmond Dantès dont il était question ?

— Non, Excellence, je n’en avais jamais entendu parler jusqu’alors, et je n’en ai jamais entendu reparler depuis qu’une seule fois par l’abbé Busoni lui même, quand je le vis dans les prisons de Nîmes.

— Bien ! continuez.

Le bijoutier prit la bague des mains de Caderousse, et tira de sa poche une petite pince en acier et une petite paire de balances de cuivre ; puis, écartant les crampons d’or qui retenaient la pierre dans la bague, il fit sortir le diamant de son alvéole, et le pesa minutieusement dans les balances.

— J’irai jusqu’à quarante-cinq mille francs, dit-il, mais je ne donnerai pas un sou avec ; d’ailleurs, comme c’était ce que valait le diamant, j’ai pris juste cette somme sur moi.

— Oh ! qu’à cela ne tienne, dit Caderousse, je retournerai avec vous à Beaucaire pour chercher les cinq autres mille francs.

— Non, dit le bijoutier en rendant l’anneau et le diamant à Caderousse ; non, cela ne vaut pas davantage, et encore je suis fâché d’avoir offert cette somme, attendu qu’il y a dans la pierre un défaut que je n’avais pas vu d’abord ; mais n’importe, je n’ai qu’une parole, j’ai dit quarante cinq mille francs, je ne m’en dédis pas.

— Au moins remettez le diamant dans la bague, dit aigrement la Carconte.

— C’est juste, dit le bijoutier.

Et il replaça la pierre dans le chaton.