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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/134

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entraînement obtint le même résultat que si je l’eusse fait par calcul ; l’aveu de ce premier assassinat, que rien ne me forçait de lui révéler, lui prouva que je n’avais pas commis le second, et il me quitta en m’ordonnant d’espérer, et en promettant de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour convaincre mes juges de mon innocence.

J’eus la preuve qu’en effet il s’était occupé de moi quand je vis ma prison s’adoucir graduellement, et quand j’appris qu’on attendrait pour me juger les assises qui devaient suivre celles pour lesquelles on se rassemblait.

Dans cet intervalle, la Providence permit que Caderousse fût pris à l’étranger et ramené en France. Il avoua tout, rejetant la préméditation et surtout l’instigation sur sa femme. Il fut condamné aux galères perpétuelles, et moi mis en liberté.

— Et ce fut alors, dit Monte-Cristo, que vous vous présentâtes chez moi porteur d’une lettre de l’abbé Busoni ?

— Oui, Excellence, il avait pris à moi un intérêt visible. « Votre état de contrebandier vous perdra, me dit-il ; si vous sortez d’ici, quittez-le. »

— Mais mon père, demandai-je, comment voulez-vous que je vive et que je fasse vivre ma pauvre sœur ?

— Un de mes pénitents, me répondit-il, a une grande estime pour moi, et m’a chargé de lui chercher un homme de confiance. Voulez-vous être cet homme ? je vous adresserai à lui.

— Ô mon père ! m’écriai-je, que de bonté !

— Mais vous me jurez que je n’aurai jamais à me repentir.

J’étendis la main pour faire serment.

— C’est inutile, dit-il, je connais et j’aime les Corses, voici ma recommandation.

Et il écrivit les quelques lignes que je vous remis, et