Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/148

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Le comte descendit et vit attelés à sa voiture, les chevaux qu’il avait admirés le matin à la voiture de Danglars.

En passant près d’eux il leur jeta un coup d’œil.

— Ils sont beaux, en effet, dit-il, et vous avez bien fait de les acheter ; seulement c’était un peu tard.

— Excellence, dit Bertuccio, j’ai eu bien de la peine à les avoir, et ils ont coûté bien cher.

— Les chevaux en sont-ils moins beaux ? demanda le comte en haussant les épaules.

— Si Votre Excellence est satisfaite, dit Bertuccio, tout est bien. Où va Votre Excellence ?

— Rue de la Chaussée-d’Antin, chez M. le baron Danglars.

Cette conversation se passait sur le haut du perron. Bertuccio fit un pas pour descendre la première marche.

— Attendez, monsieur, dit Monte-Cristo en l’arrêtant, j’ai besoin d’une terre sur le bord de la mer, en Normandie, par exemple, entre Le Havre et Boulogne. Je vous donne de l’espace, comme vous voyez. Il faudrait que, dans cette acquisition, il y eût un petit point, une petite crique, une petite baie, où puisse entrer et se tenir ma corvette ; elle ne tire que quinze pieds d’eau. Le bâtiment sera toujours prêt à mettre à la mer, à quelque heure du jour ou de la nuit qu’il me plaise de lui donner le signal. Vous vous informerez chez tous les notaires d’une propriété dans les conditions que je vous explique ; quand vous en aurez connaissance, vous irez la visiter, et si vous êtes content, vous l’achèterez à votre nom. La corvette doit être en route pour Fécamp, n’est-ce pas ?

— Le soir même où nous avons quitté Marseille, je l’ai vu mettre à la mer.

— Et le yacht ?

— Le yacht a ordre de demeurer aux Martigues.