Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/221

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j’appartiens à cette dernière : j’ai un bel avenir dans l’armée, je jouis d’une fortune bornée, mais indépendante ; la mémoire de mon père, enfin, est vénérée dans notre pays comme celle d’un des plus honnêtes négociants qui aient existé. Je dis notre pays, Valentine, parce que vous êtes presque de Marseille.

— Ne me parlez pas de Marseille, Maximilien, ce seul mot me rappelle ma bonne mère, cet ange que tout le monde a regretté, et qui, après avoir veillé sur sa fille pendant son court séjour sur la terre, veille encore sur elle, je l’espère du moins, pendant son éternel séjour au ciel. Oh ! Si ma pauvre mère vivait, Maximilien, je n’aurais plus rien à craindre ; je lui dirais que je vous aime, et elle nous protégerait.

— Hélas ! Valentine, reprit Maximilien, si elle vivait, je ne vous connaîtrais pas sans doute, car, vous l’avez dit, vous seriez heureuse si elle vivait, et Valentine heureuse m’eût regardé bien dédaigneusement du haut de sa grandeur.

— Ah ! mon ami, s’écria Valentine, c’est vous qui êtes injuste à votre tour… Mais, dites-moi…

— Que voulez-vous que je vous dise ? reprit Maximilien, voyant que Valentine hésitait.

— Dites-moi, continua la jeune fille, est-ce qu’autrefois à Marseille il y a eu quelque sujet de mésintelligence entre votre père et le mien ?

— Non, pas que je sache, répondit Maximilien, si ce n’est que votre père était un partisan plus que zélé des Bourbons, et le mien un homme dévoué à l’Empereur. C’est, je le présume, tout ce qu’il y a jamais eu de dissidence entre eux. Mais pourquoi cette question, Valentine ?

— Je vais vous le dire, reprit la jeune fille, car vous