Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Leur Empereur, continua-t-il en fronçant le sourcil, savait les mettre à leur place, tous ces fanatiques : il les appelait de la chair à canon, et c’était le seul nom qu’ils méritassent. Je vois avec joie que le gouvernement nouveau remet en vigueur ce salutaire principe. Quand ce ne serait que pour cela qu’il garde l’Algérie, j’en féliciterais le gouvernement, quoiqu’elle nous coûte un peu cher.

— C’est en effet d’une politique assez brutale, dit Maximilien. Mais ne rougissez point, chère amie, de ce qu’a dit là M. de Villefort ; mon brave père ne cédait en rien au vôtre sur ce point, et il répétait sans cesse : « Pourquoi donc l’Empereur, qui fait tant de belles choses, ne fait-il pas un régiment de juges et d’avocats, et ne les envoie-t-il pas toujours au premier feu ? » Vous le voyez, chère amie, les partis se valent pour le pittoresque de l’expression et pour la douceur de la pensée. Mais M. Danglars, que dit-il à cette sortie du procureur du roi ?

— Oh ! lui se mit à rire de ce rire sournois qui lui est particulier et que je trouve féroce ; puis ils se levèrent l’instant d’après et partirent. Je vis alors seulement que mon bon grand-père était tout agité. Il faut vous dire, Maximilien, que moi seule je devine ses agitations, à ce pauvre paralytique, et je me doutais d’ailleurs que la conversation qui avait eu lieu devant lui (car on ne fait plus attention à lui, pauvre grand-père !) l’avait fort impressionné, attendu qu’on avait dit du mal de son Empereur, et que, à ce qu’il paraît, il a été fanatique de l’Empereur.

— C’est, en effet, dit Maximilien, un des noms connus de l’empire : il a été sénateur, et, comme vous le savez ou comme vous ne le savez pas, Valentine, il fut à peu