Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/226

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Après les premières politesses d’usage, le comte s’informa de M. de Villefort.

— Mon mari dîne chez M. le Chancelier, répondit la jeune femme ; il vient de partir à l’instant même, et il regrettera bien, j’en suis sûre, d’avoir été privé du bonheur de vous voir.

Deux visiteurs qui avaient précédé le comte dans le salon, et qui le dévoraient des yeux, se retirèrent après le temps raisonnable exigé à la fois par la politesse et par la curiosité.

— À propos, que fait donc ta sœur Valentine ? dit madame de Villefort à Édouard ; qu’on la prévienne afin que j’aie l’honneur de la présenter à M. le comte.

— Vous avez une fille, Madame ? demanda le comte, mais ce doit être une enfant ?

— C’est la fille de M. de Villefort, répliqua la jeune femme ; une fille d’un premier mariage, une grande et belle personne.

— Mais mélancolique, interrompit le jeune Édouard en arrachant, pour en faire une aigrette à son chapeau, les plumes de la queue d’un magnifique ara qui criait de douleur sur son perchoir doré.

Madame de Villefort se contenta de dire :

— Silence, Édouard !

Puis elle ajouta :

— Ce jeune étourdi a presque raison, et répète là ce qu’il m’a bien des fois entendue dire avec douleur ; car mademoiselle de Villefort est, malgré tout ce que nous pouvons faire pour la distraire, d’un caractère triste et d’une humeur taciturne qui nuisent souvent à l’effet de sa beauté. Mais elle ne vient pas ; Édouard, voyez donc pourquoi cela.

— Parce qu’on la cherche où elle n’est pas.