Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Où la cherche-t-on ?

— Chez grand-papa Noirtier.

— Et elle n’est pas là, vous croyez ?

— Non, non, non, non, non, elle n’y est pas, répondit Édouard en chantonnant.

— Et où est-elle ? Si vous le savez, dites-le.

— Elle est sous le grand marronnier, continua le méchant garçon, en présentant, malgré les cris de sa mère, des mouches vivantes au perroquet, qui paraissait fort friand de cette sorte de gibier.

Madame de Villefort étendait la main pour sonner, et pour indiquer à la femme de chambre le lieu où elle trouverait Valentine, lorsque celle-ci entra. Elle semblait triste, en effet, et en la regardant attentivement on eût même pu voir dans ses yeux des traces de larmes.

Valentine, que nous avons, entraîné par la rapidité du récit, présentée à nos lecteurs sans la faire connaître, était une grande et svelte jeune fille de dix-neuf ans, aux cheveux châtain clair, aux yeux bleu foncé, à la démarche languissante et empreinte de cette exquise distinction qui caractérisait sa mère ; ses mains blanches et effilées, son cou nacré, ses joues marbrées de fugitives couleurs, lui donnaient au premier aspect l’air d’une de ces belles Anglaises qu’on a comparées assez poétiquement dans leurs allures à des cygnes qui se mirent.

Elle entra donc, et, voyant près de sa mère l’étranger dont elle avait tant entendu parler déjà, elle salua sans aucune minauderie de jeune fille et sans baisser les yeux, avec une grâce qui redoubla l’attention du comte.

Celui-ci se leva.

— Mademoiselle de Villefort, ma belle-fille, dit madame de Villefort à Monte-Cristo, en se penchant sur son sofa et en montrant de la main Valentine.