Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/257

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— Et qui m’a envoyé cette coupe ?

— Sans aucun doute.

— Mais je ne le connais pas, moi, dit la comtesse, et j’ai fort envie de la lui renvoyer.

— Oh ! n’en faites rien ; il vous en enverrait une autre, taillée dans quelque saphir ou creusée dans quelque rubis. Ce sont ses manières d’agir ; que voulez-vous, il faut le prendre comme il est.

En ce moment on entendit la sonnette qui annonçait que le deuxième acte allait commencer. Albert se leva pour regagner sa place.

— Vous verrai-je ? demanda la comtesse.

— Dans les entractes, si vous le permettez, je viendrai m’informer si je puis vous être bon à quelque chose à Paris.

— Messieurs, dit la comtesse, tous les samedis soir, rue de Rivoli, 22, je suis chez moi pour mes amis. Vous voilà prévenus.

Les jeunes gens saluèrent et sortirent.

En entrant dans la salle, ils virent le parterre debout et les yeux fixés sur un seul point de la salle ; leurs regards suivirent la direction générale, et s’arrêtèrent sur l’ancienne loge de l’ambassadeur de Russie. Un homme habillé de noir, de trente-cinq à quarante ans, venait d’y entrer avec une femme vêtue d’un costume oriental. La femme était de la plus grande beauté, et le costume d’une telle richesse, que, comme nous l’avons dit, tous les yeux s’étaient à l’instant tournés vers elle.

— Eh ! dit Albert, c’est Monte-Cristo et sa Grecque.

En effet, c’était le comte et Haydée.

Au bout d’un instant, la jeune femme était l’objet de l’attention non seulement du parterre, mais de toute la salle ; les femmes se penchaient hors des loges pour voir