Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/258

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ruisseler sous les feux des lustres cette cascade de diamants.

Le second acte se passa au milieu de cette rumeur sourde qui indique dans les masses assemblées un grand événement. Personne ne songea à crier silence. Cette femme si jeune, si belle, si éblouissante, était le plus curieux spectacle qu’on pût voir.

Cette fois, un signe de madame Danglars indiqua clairement à Albert que la baronne désirait avoir sa visite dans l’entracte suivant.

Morcerf était de trop bon goût pour se faire attendre quand on lui indiquait clairement qu’il était attendu. L’acte fini, il se hâta donc de monter dans l’avant-scène.

Il salua les deux dames et tendit la main à Debray.

La baronne l’accueillit avec un charmant sourire, et Eugénie avec sa froideur habituelle.

— Ma foi, mon cher, dit Debray, vous voyez un homme à bout, et qui vous appelle en aide pour le relayer. Voici madame qui m’écrase de questions sur le comte, et qui veut que je sache d’où il est, d’où il vient, où il va ; ma foi, je ne suis pas Cagliostro, moi, et pour me tirer d’affaire, j’ai dit : Demandez tout cela à Morcerf, il connaît son Monte-Cristo sur le bout du doigt ; alors on vous a fait signe.

— N’est-il pas incroyable, dit la baronne, que lorsqu’on a un demi-million de fonds secrets à sa disposition on ne soit pas mieux instruit que cela ?

— Madame, dit Lucien, je vous prie de croire que si j’avais un demi-million à ma disposition, je l’emploierais à autre chose qu’à prendre des informations sur M. de Monte-Cristo, qui n’a d’autre mérite à mes yeux que d’être deux fois riche comme un nabab ; mais j’ai passé