Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/284

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paraît, en Europe. Un large pantalon de drap bleu, une botte encore assez propre, quoique d’un vernis incertain et un peu trop épaisse de semelle, des gants de daim, un chapeau se rapprochant pour la forme d’un chapeau de gendarme, un col noir, brodé d’un liséré blanc, qui, si son propriétaire ne l’eût porté de sa pleine et entière volonté, eût pu passer pour un carcan : tel était le costume pittoresque sous lequel se présenta le personnage qui sonna à la grille en demandant si ce n’était point au no 30 de l’avenue des Champs-Élysées que demeurait M. le comte de Monte-Cristo, et qui, sur la réponse affirmative du concierge, entra, ferma la porte derrière lui et se dirigea vers le perron.

La tête petite et anguleuse de cet homme, ses cheveux blanchissants, sa moustache épaisse et grise le firent reconnaître par Baptistin, qui avait l’exact signalement du visiteur et qui l’attendait au bas du vestibule. Aussi, à peine eut-il prononcé son nom devant le serviteur intelligent, que Monte-Cristo était prévenu de son arrivée.

On introduisit l’étranger dans le salon le plus simple. Le comte l’y attendait et alla au-devant de lui d’un air riant.

— Ah ! cher monsieur, dit-il, soyez le bienvenu. Je vous attendais.

— Vraiment ! dit le Lucquois, Votre Excellence m’attendait.

— Oui, j’avais été prévenu de votre arrivée pour aujourd’hui à sept heures.

— De mon arrivée ? Ainsi vous étiez prévenu ?

— Parfaitement.

— Ah ! tant mieux ! Je craignais, je l’avoue, que l’on eût oublié cette petite précaution.

— Laquelle ?