Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/107

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— Ah ! par exemple, dit la baronne en ricanant ; et c’est moi que vous rendez responsable de cette perte ?

— Pourquoi pas ?

— C’est ma faute, si vous avez perdu sept cent mille francs ?

— En tout cas, ce n’est pas la mienne.

— Une fois pour toutes, monsieur, reprit aigrement la baronne, je vous ai dit de ne jamais me parler caisse ; c’est une langue que je n’ai apprise ni chez mes parents ni dans la maison de mon premier mari.

— Je le crois parbleu bien, dit Danglars, ils n’avaient le sou ni les uns ni les autres.

— Raison de plus pour que je n’aie pas appris chez eux l’argot de la banque, qui me déchire ici les oreilles du matin au soir ; ce bruit d’écus qu’on compte et qu’on recompte m’est odieux, et je ne sais que le son de votre voix qui me soit encore plus désagréable.

— En vérité, dit Danglars, comme c’est étrange ! et moi qui avais cru que vous preniez le plus vif intérêt à mes opérations !

— Moi ! et qui a pu vous faire croire une pareille sottise ?

— Vous-même.

— Ah ! par exemple !

— Sans doute.

— Je voudrais bien que vous me fissiez connaître en quelle occasion.

— Oh ! mon Dieu ! c’est chose facile. Au mois de février dernier, vous m’avez parlé la première des fonds d’Haïti ; vous aviez rêvé qu’un bâtiment entrait dans le port du Havre, et que ce bâtiment apportait la nouvelle qu’un payement que l’on croyait remis aux calendes grecques allait s’effectuer. Je connais la lucidité de votre