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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/236

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prendre le dictionnaire. Morrel obéit ; il s’était, guidé par Valentine, promptement habitué à comprendre le vieillard.

Cependant, quelque habitude qu’il eût, et comme il fallait passer en revue une partie des vingt-quatre lettres de l’alphabet, et trouver chaque mot dans le dictionnaire, ce ne fut qu’au bout de dix minutes que la pensée du vieillard fut traduite par ces paroles :

« Cherchez le verre d’eau et la carafe qui sont dans la chambre de Valentine. »

Morrel sonna aussitôt le domestique qui avait remplacé Barrois, et au nom de Noirtier lui donna cet ordre.

Le domestique revint un instant après.

La carafe et le verre étaient entièrement vides.

Noirtier fit signe qu’il voulait parler.

— Pourquoi le verre et la carafe sont-ils vides ? demanda-t-il. Valentine a dit qu’elle n’avait bu que la moitié du verre.

La traduction de cette nouvelle demande prit encore cinq minutes.

— Je ne sais, dit le domestique ; mais la femme de chambre est dans l’appartement de mademoiselle Valentine ; c’est peut-être elle qui l’a vidé.

— Demandez-le-lui, dit Morrel, traduisant cette fois la pensée de Noirtier par le regard.

Le domestique sortit, et presque aussitôt rentra.

— Mademoiselle Valentine a passé par sa chambre pour se rendre dans celle de madame de Villefort, dit-il ; et, en passant, comme elle avait soif, elle a bu ce qui restait dans le verre ; quant à la carafe, M. Édouard l’a vidée pour faire un étang à ses canards.

Noirtier leva les yeux au ciel comme fait un joueur qui joue sur un coup tout ce qu’il possède.